Pierre Milza (1932-2018), Prix 2012

Hommage à Pierre Milza, par Jean-Yves Frétigné (2018)

Souvenir de Pierre Milza, à la Maison de l’Italie de la Cité Universitaire
et au Centre d’histoire de Sciences Po (2018)

Remise du XIIIe Prix Italiques à Pierre Milza à l’Hôtel de Ville de Paris (2012)

 


 

• Hommage à Pierre Milza

Pierre Milza est mort ce matin, mercredi 28 février 2018 à Saint-Malo dans la Bretagne qui lui était chère au cœur et où il avait acquis dans les années 1980 une très jolie demeure où il recevait ses amis.

Né le 16 avril 1932 à Paris d’un père italien et d’une mère française originaire de la Mayenne – il a retracé ses origines dans son ouvrage Voyage en Ritalie (Plon, 1993) –, le cursus honorum de Pierre Milza est celui d’un enfant issu d’un milieu modeste qui doit à l’école républicaine, à laquelle il était profondément attaché, d’être devenu un des historiens français les plus connus et les plus estimés. Après avoir été reçu à l’École normale d’instituteurs et après avoir exercé pendant près de dix ans le métier d’instituteur puis de professeur de collège, Pierre Milza est reçu à l’Agrégation d’histoire en 1964. Il commence alors une carrière universitaire comme attaché de recherche au CNRS puis comme assistant et ensuite comme maître-assistant à l’Institut d’Études Politiques (IEP) de Paris. Docteur ès lettres en histoire en 1977, il devient l’année suivante Professeur à l’IEP de Paris où il fera toute sa carrière, dirigeant le Centre d’histoire de l’Europe du XXe siècle, aujourd’hui Centre d’histoire à la direction duquel lui ont succédé Jean-François Sirinelli puis Marc Lazar. Chevalier des arts et des lettres, commandeur de l’Ordre national du Mérite français et de celui de la République italienne, Pierre Milza avait été fait récemment Commandeur de la Légion d’honneur, distinction qu’il avait reçue des mains d’Aurélie Filipetti. Sans orgueil mais sans fausse modestie, il était fier que la République française et celle italienne lui aient accordé ces hautes reconnaissances.

Le premier livre qu’il publie, l’Italie fasciste devant l’opinion française 1920-1940 aux éditions Armand Colin en 1967 l’impose d’emblée comme un spécialiste de l’histoire italienne du XXe siècle et de l’histoire française de l’entre deux-guerres. Viendront ensuite ses premiers succès éditoriaux avec les manuels et essais universitaires qu’il co-écrit avec son collègue et ami Serge Berstein : l’Italie, la Papauté 1870-1970 (Masson, 1970), Le fascisme italien 1919-1945 publié dix ans plus tard au Seuil. L’année suivante voit la publication de sa thèse d’État, Français et Italiens à la fin du XIXe siècle dans la prestigieuse collection de l’École française de Rome qui le consacre comme un des plus grands spécialistes de l’histoire des relations internationales dont il a reçu le virus de son maître Jean-Baptiste Duroselle ; de ce dernier, il poursuivra l’héritage intellectuel et méthodologique d’une histoire attentive au rôle joué par les forces profondes comme par les grandes personnalités dans les relations diplomatiques. Plusieurs générations d’étudiants, et encore celle actuellement sur les bancs de l’université, vont faire de ses livres, de nombreuses fois réédités, sur Les relations internationales de 1918 à nos jours des ouvrages de référence incontournable. Spécialiste incontesté du fascisme italien, de l’immigration en particulier italienne et des relations internationales, Pierre Milza publie en 1987 aux éditions Flammarion une histoire du fascisme français, sous le titre Fascisme français. Passé et Présent qui va nourrir le débat politique et idéologique après la renaissance du Front National. Tout en continuant à travailler sur ces champs de prédilection, en publiant par exemple un très bel ouvrage sur l’Europe en chemise noire, fruit des cours qu’il va donner à l’université de Genève à la fin de sa carrière universitaire, Pierre Milza va connaître les faveurs du grand public, dans le sens noble du terme à partir de la fin des années 1990. En 1999 les éditions Fayard publient sa magistrale et monumentale biographie de Mussolini couronnée de nombreux prix, dont celui d’histoire de la société des gens de lettres ou encore du prix Guizot décerné par le département du Calvados. Suivront des biographies qui sont de véritables succès éditoriaux : Verdi et son temps (Perrin, 2000), Napoléon III qui reçoit le prix des ambassadeurs en 2004, Voltaire en 2007 toujours chez Perrin puis chez Fayard Garibaldi puis Pie XII respectivement en 2012 et en 2014. À côté de ce genre biographique dans lequel il excellait, Pierre Milza continue à écrire des monographies : une Histoire de la guerre franco-prussienne et de la Commune (Perrin en 2009) et une Histoire de l’Italie des origines à nos jours (Fayard, 2012) qui s’impose comme un ouvrage de référence et un bestseller de part et d’autre des Alpes. Un de ses derniers essais était une analyse minutieuse et documentée des rapports entre Hitler et Mussolini publiée sous le titre Conversations Hitler-Mussolini (Fayard, 2013).

Sa mort laisse orpheline toute une génération d’étudiants, ceux qui ont suivi avec passion ses cours et ceux qui, comme l’auteur de ces lignes d’hommage, ont eu la chance qu’il soit leur directeur de thèse. Pierre Milza laisse un souvenir de rigueur, de clarté et d’honnêteté intellectuelle. Tous ses lecteurs nombreux et fidèles ont assurément ressenti cette double exigence de rigueur et d’honnêteté au cœur de sa démarche d’historien et de citoyen. Adieu Pierre.

Jean-Yves Frétigné,
Professeur de l’Université de Rouen


Pierre Milza è morto la mattina del 28 febbraio 2018 a Saint-Malo, in quella Bretagna che aveva nel cuore e dove aveva acquistato, negli anni Ottanta del secolo scorso, una bellissima dimora, nella quale riceveva gli amici.

Nato il 16 aprile 1932 a Parigi da padre italiano e madre francese originaria della Mayenne – Milza ha raccontato le proprie origini nel libro Voyage en Italie (Plon, 1993) –, il cursus honorum di Pierre Milza è quello di un giovane proveniente da un ambiente sociale modesto, che deve alla scuola repubblicana – alla quale era profondamente legato – l’essere diventato uno degli storici francesi più noti e stimati. Dopo il suo ingresso all’École normale d’instituteurs, e dopo aver esercitato per circa dieci anni il mestiere di maestro di scuola, quindi di professore di liceo, Pierre Milza ottiene l’Agrégation d’histoire nel 1964. Inizia allora la sua carriera universitaria, come ricercatore del CNRS, quindi come assistente all’Istituto di Studi Politici (IEP) di Parigi. Addottoratosi in Lettere e Storia nel 1977, l’anno seguente diventa Professore presso lo stesso Istituto parigino, dove si svolgerà tutta la sua carriera successiva, e dove Milza dirigerà il Centro di storia dell’Europa nel XX secolo (oggi Centro di Storia, alla guida del quale gli sono succeduti Jean-François Sirinelli e Marc Lazar). Cavaliere delle arti e delle lettere, Commendatore della Repubblica francese e di quella italiana, Pierre Milza era stato nominato di recente Commendatore della Legion d’onore, titolo che aveva ricevuto dalle mani di Aurélie Filipetti. Privo di orgoglio, ma anche di falsa modestia, era fiero del fatto che la Repubblica francese e quella italiana gli avessero accordato queste alte onorificenze.

Il primo libro da lui pubblicato, L’Italie fasciste devant l’opinion française 1920-1940, per le edizioni Armand Colin, lo impone subito, nel 1967, come specialista della storia italiana del XX secolo e della storia francese del periodo tra le due guerre mondiali. Seguiranno i suoi primi successi editoriali e i manuali e saggi universitari che scriverà insieme al collega e amico Serge Berstein : l’Italie, la Papauté 1870-1970 (Masson, 1970), Le fascisme italien 1919-1945, pubblicato da Seuil dieci anni più tardi.  L’anno seguente vede la pubblicazione della sua tesi dottorale, Français et Italiens à la fin du XIXe siècle, nella prestigiosa collezione dell’École française di Roma, che lo consacra tra i maggiori specialisti della storia delle relazioni internazionali, dalla quale era stato contagiato per opera del suo maestro, Jean-Baptiste Duroselle. Da quest’ultimo riceverà l’eredità intellettuale e metodologica di una storia attenta al ruolo svolto dalle forze più profonde, così come dalle grandi personalità, nelle relazioni diplomatiche ; molte generazioni di studenti, ancora oggi, guardano ai suoi libri su Les relations internationales de 1918 à nos jours, più volte ristampati, come a ineludibili testi di riferimento. Specialista indiscusso del fascismo italiano, dell’immigrazione (in particolare di quella italiana) e delle relazioni internazionali, Pierre Milza pubblica nel 1987, per le edizioni Flammarion, una storia del fascismo francese, col titolo Fascisme français. Passé et Présent, che alimenta il dibattito politico e ideologico dopo la rinascita del Front National. Pur continuando a lavorare sui suoi temi prediletti – pubblicando, ad esempio, un bel volume sull’Europe en chemise noire, frutto dei corsi da lui tenuti all’Università di Ginevra alla fine della sua carriera universitaria -, Pierre Milza conoscerà il favore del grande pubblico, nel senso migliore del termine, a partire dalla fine degli anni ’90. Nel 1999 le edizioni Fayard pubblicano la sua magistrale e monumentale biografia di Mussolini (la cui edizione italiana è pubblicata nel 2000 da Carocci), premiata con molti riconoscimenti, tra i quali il premio di storia dell’Associazione letteraria francese, e il premio Guizot. Fanno seguito altre biografie, che sono altrettanti successi editoriali : Verdi et son temps (Perrin, 2000, traduzione italiana Carocci, 2001), Napoléon III nel 2004, Voltaire  nel 2007 sempre con Perrin, poi con Fayard Garibaldi (tradotto in Italia da Longanesi nel 2013) e Pie XII, ripettivamente nel 2012 e nel 2014. Accanto al genere biografico, nel quale eccelleva, Pierre Milza continua a pubblicare studi monografici : una Histoire de la guerre franco-prussienne et de la Commune (Perrin, 2009) e una Histoire de l’Italie des origines à nos jours (Fayard, 2005; edizione italiana Corbaccio, 2006) che s’impone comte testo di riferimento e bestseller su entrambi i versanti delle Alpi. Uno dei suoi ultimi saggi è un’analisi minuziosa e documentata  dei rapporti tra Hitler e Mussolini, pubblicata col titolo Hitler e Mussolini : tutti i segreti di una tragica amicizia (Longanesi, 2015).

La sua scomparsa lascia orfana un’intera generazione di studiosi, coloro che hanno seguito con passione i suoi corsi e coloro che, come l’autore di queste righe, hanno avuto la fortuna di averlo come relatore di tesi. Pierre Milza lascia di sé un ricordo di rigore, chiarezza e onestà intellettuale. I suoi lettori, numerosi e fedeli, hanno sicuramente avvertito questa duplice esigenza di rigore e onestà nella sua attività di storico e di cittadino. Addio, Pierre.

Jean-Yves Frétigné
Professore di Storia all’Università di Rouen


• Souvenir de Pierre Milza

à la Maison de l’Italie de la Cité Universitaire et au Centre d’histoire de Sciences Po, à Paris (19 et 20 septembre 2018)

Lien de téléchargement de l’affiche Pierre Milza (pdf)


• Remise du XIIIe Prix Italiques à Pierre Milza

pour son livre Garibaldi (Paris, Fayard, 2012), le 31 octobre 2012,
dans la salle Jean-Paul Laurens de l’Hôtel de Ville de Paris

Compte-rendu

Galerie photographique

Jean Musitelli, Michèle Gendreau-Massaloux,
Yves Hersant, Pierre Milza,
Paolo Carile, Bruno Julliard,
Jean Gili.

Reynaldo Harguinteguy, Jean Musitelli,
Michèle Gendreau-Massaloux, Yves Hersant,
Jean Gili, Paolo Carile, Pierre Milza,
Corrado Augias, Bruno Julliard.

Reynaldo Harguinteguy, Pierre Milza,
Valeria Pompejano.

Pierre Milza, Jean Gili,
Corrado Augias, Paolo Carile.

Reynaldo Harguinteguy,
Jean Musitelli,
Michèle Gendreau-Massaloux.

Jean Gili, Pierre Milza,
Corrado Augias.

Pierre Milza, Corrado Augias,
Paolo Carile, Bruno Julliard.

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